7.25.2014

Sur le fil


Une petite boîte en nacre, qu'elle tenait de sa mère. Des livres reliés, certainement un peu poussiéreux, mais si beaux et si précieux. Un service en porcelaine, orné d'un liseré doré, reçu pour son mariage. Une pendule aux aiguilles figées. Des reproductions de peintures romantiques, théâtre de ses pérégrinations oniriques. Un fidèle poste de radio. Le bureau de son grand-père, accompagné de sa vieille plume.

Tout est parti.
Envolé.
Disparu. 
Il fallait bien faire place nette, puisqu'on vend la maison, maman. Où pouvait-on mettre tout ça ?

Où pouvait-

on

mettre

tout ça

?

Vidé.
Envolé.
Tout a disparu.

Une vie.

Parce qu'il fallait faire place nette.
Parce que ceux à qui elle a donné la vie ont décidé de lui voler la sienne.

Madame Funambule me regarde, les yeux d'ébène remplis de désespoir. Sous ses pieds se dérobent sa maison, ses biens, ses repères, son histoire.

Elle se sent comme sur un fil, égarée dans un néant annihilant, n'osant plus mettre un pied devant l'autre, de peur de perdre à jamais le fil de sa vie, et de plonger, définitivement.

Sa petite voix rauque, teintée de tristesse, me murmure alors :

"Ils n'ont pas le sens du souvenir"...

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