10.27.2014

Jeanne




Comme une fleur lassée, courbant sa couronne de pétales séchés vers la terre, Jeanne la belle, comme on l’appelait du temps de ses vingt ans, dépose au creux de ses longues mains de veines soyeuses, son visage creusé de vie. Son dos arrondi semble s’enrouler sur lui-même, et ses mots, en apesanteur, valsent dans une farandole de rêverie et d’à-peu-près. Par moments, elle lève la tête et plonge ses yeux gris-vert dans les miens ; elle semble regarder plus loin encore, derrière-moi : point de fuite ou d’interrogation, point de non-retour. « La vie s’en va » me dit-elle. La vie s’en va. Elle se retire comme la mer quitte le sable, comme la main maternelle, d’une dernière caresse, quitte l’enfant assoupi. 
Son flot de paroles envoûte ma pensée qui se détache et se perd en un mystérieux dédale de souvenirs et d’affects. Le soleil jette sur nos silences ses rayons ardents, tandis que nous déambulons, elle et moi, sur le fil de l’ici et maintenant…

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